Pourquoi je trouve que "Last night in Soho" est décevant
...malgré le fait que je ne l'attendais pas énormément?^^
Parce que si je faisais un petit récapitulatif des précédents films d'Edgar Wright, à qui on doit la réalisation et le scénario (avec l'aide de la scénariste du film 1917, film que je ne trouvais pas dingue, passé le plan séquence et la magnifique image) :
"Shawn of the dead" était sympathique dans mes souvenirs lointains, en effet je ne l'ai vu qu'une fois.
J'ai adoré "Hot Fuzz"... autant que j'ai détesté "Scott Pilgrim vs the world" dont je n'ai jamais vu la fin, mais déjà assez généreux en termes de mises en scène inspirées.
J'ai trouvé "Le dernier pub avant la fin du monde" assez barbant.
Et enfin, passé les scènes stylées de chorégraphie avec la musique, et un joli couple, "Baby Driver" n'était pas ouf et finissait sur une note un peu trop bisounours.
Donc à la vue du trailer de ce "Last night in Soho", j'avais une certaine appréhension. Ce délire de plongée dans un passé très classe avec des plans stylés et des notes d'horreur ne me laissait pas indifférent, mais je me demandais comment tout ça serait raconté pour avoir une certaine cohérence...
Et bien j'ai l'impression que c'est un condensé des précédents films de Wright, avec une première partie que j'ai plutôt bien aimé, malgré des personnages bien caricaturaux (autant je n'ai pas de mal avec le personnage principal, Éloïse (Thomasin McKenzie, vue dans "Jojo Rabbit"), cette petite campagnarde qui vit avec sa grand-mère, ayant peu connu sa mère qui s'est suicidée. On remarque qu'elle voit le reflet de sa mère dans le miroir de sa chambre. Pourquoi? Bonne question, parce que pourquoi pas, je suppose. La jeune femme part à Londres pour faire des études de mode. Mais entre Jocasta, la pimbêche qui s'invente une vie pour être intéressante, veut être la rivale d'Eloïse, traîne avec son petit club de poufs. Et John, le gentil noir qui se plierait en quatre durant tout ce fichu film pour Éloïse, même en sachant que cette dernière se fait passer pour une folle à de nombreuses reprises. C'est un peu beaucoup.) J'ai bien aimé ce Londres stylé des années 60, ces scènes où on passe d'Éloïse à Sandie, celle qui la hante durant le film, son double dans ces visions, une femme de caractère qui tente de devenir chanteuse, mais qui voit son rêve s'éloigner de plus en plus face à la cruelle réalité. On a droit comme dans Baby Driver à de scènes très bien chorégraphiées, où ici on passe de l'une à l'autre lors d'une danse en couple, d'autres scènes avec l'une qui a le reflet de l'autre dans un miroir. On sent aussi petit à petit qu'Eloïse s'attache à son double, tente de le protéger dans ses visions.
Mais à partir d'un moment, passé le Londres des sixties et autres effets visuels stylés, ça s'étire un peu trop en longueur, comme si le film ne sait plus quoi raconter, donc on voit juste Éloïse qui perd les pédales à tout moment, elle se met à courir partout avec ses visions, elle voit des hommes sans visage partout, et John qui la suit comme un fidèle toutou. On atteint même le malaise quand l'héroïne tente de s'expliquer à la police qu'elle voit des visions de meurtres du passé et qu'il faudrait arrêter un certain Jack... mais qui ferait ça en vrai? Écouté par un homme et une femme, l'homme se confie plus tard à un collègue en se moquant d'elle, mais la femme la croit et lui conseille de se renseigner dans une bibliothèque. Elle tente d'enquêter... mais rebelote, elle pète un câble avec ses visions, c'est lourd, vraiment. Jusqu'à ce qu'on arrive à la fin avec de rebondissements plus ou moins prévisibles/stupides (le flic que l'héroïne a pris pour Jack qui se fait renverser comme un caca, comme s'il fallait une scène choc pour accompagner cette info qu'Eloïse s'était trompée) mais surtout un final ridicule : entre Éloïse, empoisonnée, à 2 doigts de crever mais qui survit à tout, et malgré l'identité de Sandie révélée et ce qu'elle a fait, et surtout que Sandie comptait tuer John et Éloïse, cette dernière est prête à la pardonner et la sauver, alors que la maison est en flamme, John se vide de son sang, et Sandie qui se décide de se suicider... attendez, quoi??!! Pourquoi Éloïse veut sauver Sandie?! Elle l'a empoisonnée et tenté de la tuer. C'est par solidarité féminine?? Au secours... (Vers le milieu du film, on nous fait croire que Sandie se fait tuer par son impresario qui tente d'abuser d'elle... sauf que rebondissement à deux balles, en fait c'est elle qui l'a tué, et ensuite trucidé un nombre incalculable de mâles blancs qui la prenaient pour une prostituée... alors d'une, il a fallu (encore) étirer le film pour un tel rebondissement car mise à part ça, les visions d'Eloïse seraient exactes, et toutes ne sont jamais expliquées. Et de deux, ok, pour le 1er gars tué, c'est de la légitime défense, mais qu'on m'explique en quoi le spectateur, ou surtout Éloïse, devrait compatir pour cette tueuse en série pour les autres meurtres... on dirait un film féministe qui devrait ravir (voire faire jouir à ce stade) les fans du mouvement "me too", hélas!)
Si c'était fini, on verrait Éloïse changer de vie, mais non, tranquillou elle a pu passer ce "tout petit trauma", finir son projet d'école, à savoir faire des robes et le présenter à un public, John et sa grand-mère sont fiers d'elle, ainsi que les reflets de sa mère et de Sandie, ça me rappelle l'épisode "wtf" de la série Evangelion, où tout le monde est fier de Shinji. C'est trop bizarre, expeditive comme fin, barré pour être plausible, il manque plusieurs trucs dans tout ce film, pour que je l'apprécie.
On dirait comme si, comme pour Baby Driver, voire pire ici, le réalisateur voulait faire telle ou telle scène stylée mais sans trop de consistance derrière, comme à la fin avec cette séquence "horreur", bien mise en scène, avec les esprits des males blancs tués qui veulent retenir Éloïse... pour l'appeler à l'aide. (Encore une situation qui part bien, mais s'étire en longueur pour pas grand chose, puis c'est normal que ces esprits peuvent prendre des choses ou des personnes?)
Reste une superbe photographie, une Anya Taylor-Joy resplendissante en Sandie jeune, et une excellente bande son avec plusieurs chansons des années 60!
Peut être qu'à l'avenir, avec une idée mieux approfondie, Wright arrivera à délivrer plus qu'un énième film au visuel travaillé!
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