Pourquoi j'ai adoré "Cashback"

Depuis le temps que je voulais parler de ce film... puis après avoir pondu un long pavé sur pourquoi j'ai été déçu par le récent "L'amour au présent", je pense que je serai plus bref sur un film qui m'a pourtant beaucoup plus plu... je pense que ce sera bref... bon, je ne promets rien!

Ce film est réalisé par Sean Ellis, c'est adapté d'un court-métrage, et c'est sorti en 2006...

...durant la période où je découvrais énormément de films, qu'il me fallait une carte illimité. Avant 2005, j'en regardais que trop peu (vraiment trop peu), depuis je voyais plein de films dont on ne parlait pas forcément dans les medias, qui étaient pour la plupart de sacrées pépites, et qui méritent d'être vu, d'être mis en lumière. Il arrive aussi de tomber sur des déceptions bien sur, mais c'est le risque, c'est comme avec tout. Mais ouais, je suis tombé sur des pépites comme "Les fils de l'homme", "Lord of war", "Le dernier roi d'Écosse", "Black Snake Moan", "Penelope", "Chronique d'un scandale", "Gran Torino", "Her", "500 jours ensemble", "Upgrade", "Anna M.", et tant d'autres... (ok sans mon étagère, j'aurais plus galéré, xD, il faudrait que je revois certains films, ça fait longtemps que je ne les ai pas revus)

Et donc parmi tous ces films, figure donc ce film anglais, racontant l'histoire de Ben Willis (Sean Biggerstaff), étudiant en art qui tente de se remettre de sa rupture avec Suzy (Michelle Ryan). Il ne trouve plus le sommeil, mais par un heureux hasard, se voit bosser la nuit dans un équivalent à un Lidl. Dans lequel se trouvent de joyeux lurons comme collègues, Brian le silencieux fan de kungfu, le duo qui se comportent comme des gosses, le patron Jenkins qui se croit puissant, mais n'a pas l'air très méchant, même si insistant sur une caissière. Et donc cette caissière, Sharon (Emilia Fox), magnifique blonde avec un certain but dans la vie et se voit contrainte de faire ce boulot pour se faire des économies. 

Et durant ces longues heures sans dormir, Ben se voit octroyé d'un certain pouvoir, de pouvoir stopper le temps, et il l'utilise pour dessiner ce qu'il veut. Ce qui le passionne est le corps féminin. Ce qui explique l'affiche du film, cette femme seins nus, qui vient d'une scène où Ben dessine divers corps de clientes avec son pouvoir.

Alors dit comme ça, ça peut paraître étrange, puis je me demande si ce film se serait fait en cette époque actuelle, où des féministes se plaignent de tout. Mais ce qui pourrait faire passer ce film juste comme un "film pervers où un type dessine des femmes sans leur consentement", cela est, pour moi, depuis toujours, un film qui célèbre le corps de la femme. Déjà le seul corps masculin nu qu'on voit est au début, est montré d'une manière à le faire tourner en ridicule : on a Ben et ses camarades de classe autour de ce corps, assez disgracieux, dont on ne montre que les fesses, l'homme se met même à péter, et ce corps désintéresse tellement Ben qu'il préfère dessiner le visage d'une de ses camarades en face.

Or dès qu'un corps féminin est montré, même nu, on veut généralement le valoriser, ce n'est pas un outil excitant pour s'imaginer des parties sexuelles. C'est appuyé avec le fait que Ben admire ça juste parce que c'est beau, on n'a pas de plan qui se veut pervers.  On a même des plans anodins qui veulent sublimer le corps féminin. On nous montre d'où lui vient cette admiration, dont une athlète qui a première vue n'a rien de spécial, mais Ben y voit quelque chose dans sa façon de courir et comment elle a fait sa course, ou une nounou suédoise avec de belles formes qui passait nue montant les escaliers pour rejoindre sa chambre.

Je pense avoir trop dit mais avec Ben, on a divers passages où le corps féminin est juste beau, même quand c'est excitant, il trouve une justification à cette beauté. Il peut avoir un détail pouvant déplaire, qui serait fascinant pour Ben.

Il faut dire aussi que parfois, même si je n'étais vraiment doué, il m'arrivait de dessiner... de tenter de reproduire ce que j'avais sous les yeux plutôt. Il m'est impossible de faire sans l'image de base. C'est peut être aussi ce qui fait que j'aime tant ce film (je me mettais même à dessiner certains visages féminins, de personnes que je connaissais plus ou moins, mais aussi des actrices... bon avec moins de réussite que dans le film xD)

Puis on a ce contraste avec Ben qui respecte le corps de la femme, et divers personnages, comme son meilleur ami qui enchaine les conquêtes et ça se finit toujours vite et mal, ce qui donne des scènes rigolotes, ou certains qui se font des films sur une femme en particulier... l'humour peut être parfois "en dessous de la ceinture", mais sans être lourd, c'est parfois juste bon enfant aussi, et le tout passe très bien.

Du coup, on a pas mal de situations et histoires intéressantes, parfois drôles ou non, liées au personnage principal, comme la véritable raison de sa séparation avec Suzy, dit plus loin dans le film, ce qui n'est pas anodin, le fait qu'il soit indécis sur cette relation. Quelque chose que je pensais pas possible ou fréquent dans la vie réelle. Il a fallu que via une discussion, une personne (que j'ai pu dessiner via des photos) me dise que certains ex et dans son entourage, les gars etaient plutôt indécis. A rompre puis vouloir remettre le couvert.

Puis je me suis surpris de voir des trucs normaux qui sont magnifiques ou sublimés. Et ça fait sens avec ce que Ben ressent, par exemple quand il pense à Suzy, on a cette très belle femme brune qui court au ralenti devant nous et se tourne vers nous. Difficile de l'oublier.

On a aussi pas mal de scènes inventives,  comme quand on a une scène de rupture avec une femme qui crie au ralenti, ou quand on passe d'une pièce à une autre alors qu'elles sont loin, ou d'une époque à une autre aussi, sans coupure sur un seul plan. 

Enfin, les acteurs font le café.

Et le tout fini sur une note mignonne. Peut-être qu'elle est facile, même si je ne l'aurais pas devinée, mais ça ne me dérange pas. 

Ce qui donne au final un très beau film, pour ses scènes, ses personnages hauts en couleur dont le principal, pour ses dessins et montrer la beauté dedans, ses quelques touches d'humour, et pour cette déclaration d'amour au corps féminin, si j'ose dire.